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Sabine Riffault, lauréate du prix Ecoantibio 2021

Sabine Riffault, lauréate du prix Ecoantibio 2021

Le réseau français pour la santé animale (RFSA) décerne le 27 octobre 2021 le prix Ecoantibio 2021 à Sabine Riffault, directrice de l’unité de recherche Virologie et immunologie moléculaires (VIM) à INRAE, pour ses travaux sur le développement d’un nouveau vaccin efficace contre le virus respiratoire syncytial bovin.

Le virus respiratoire syncytial bovin (en anglais, Bovine respiratory syncytial virus ou BRSV) est un agent pathogène endémique (épidémies hivernales) affectant particulièrement les jeunes bovins dès la naissance ou lors de la mise en lot pour les ateliers d’engraissement. Ce virus, seul ou en association avec d’autres pathogènes viraux ou bactériens, est à l’origine des bronchopneumonies chez le veau. Il occasionne chez l’animal infecté des symptômes respiratoires plus ou moins sévères (toux, jetage, essoufflement) qui sont la conséquence de l’obstruction des voies aériennes pulmonaires atteintes par le virus.

Un vaccin unidose efficace contre le virus respiratoire syncytial bovin

Des vaccins contre le BRSV sont actuellement commercialisés mais n’offrent qu’une protection insatisfaisante. Ils empêchent les jeunes bovins de développer les symptômes de la maladie, mais ils sont peu efficaces contre la circulation du virus. Un obstacle au développement de vaccins totalement efficaces : la présence chez le veau à la naissance d'anticorps contre le BRSV, qui interfèrent avec le vaccin. 
Un nouveau candidat vaccin a été mis au point par Sabine Riffault et l’unité VIM dans le cadre du projet européen SAPHIR grâce à un consortium de partenaires – the Swedish University of Agricultural Sciences (Suède), the Pirbright Institute (Royaume-Uni), the National Institute of Health (Etats-Unis) et Eurofins Ingenasa (Espagne).
Il présente plusieurs avantages :

  • Il est efficace en une seule injection, même chez des veaux qui ont des anticorps d’origine maternelle contre le BRSV. 
  • Il protège contre les signes cliniques de la maladie (hyperthermie, perte d’appétit, troubles respiratoires) en prévenant l’apparition des lésions pulmonaires.
  • Il bloque également la réplication du virus

Pour développer ce vaccin, l’unité VIM s’est basée sur sur une technologie développée par des chercheurs américains. Ils ont utilisé un élément du virus, la protéine de fusion F (preF), située à la surface du virus. Elle est la cible des anticorps capables de neutraliser le virus.  Après essai vaccinal, les conclusions indiquent que le vaccin avec la protéine de fusion F, administré une seule fois avec un adjuvant vétérinaire classique, est suffisant pour protéger efficacement les veaux.

Un nouveau vaccin pour réduire l’usage d’antibiotiques chez les veaux

La perte d'efficacité des antibiotiques impacte la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes. En France, le plan Ecoantibio contribue à réduire l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire chez les animaux et ainsi à préserver leur efficacité thérapeutique.
Le Prix Ecoantibio récompense la publication scientifique de Sabine Riffault sur ce candidat vaccin. Ces travaux contribuent à l’action du plan Ecoantibio « Encourager l’usage des vaccins pour prévenir l’apparition des maladies infectieuses » qui est soutenu par le Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV).
Une vaccination sûre et protectrice réduit la fréquence des infections virales chez les veaux ce qui permet de mieux cibler l’usage des antibiotiques contre les infections respiratoires d’origine bactérienne. En outre, empêcher les infections virales prévient la survenue de surinfections bactériennes, fréquentes dans les bronchopneumonies.
Les suites de ce projet (projet européen ERANET NEOVACC) visent à identifier le plus précisément possible les sous-parties de preF qui correspondent aux capacités de réponse immunitaire du veau dès la naissance et qui échapperaient ainsi complètement à la reconnaissance par les anticorps d’origine maternelle. Cette période de la vie du veau est très particulière sur le plan immunologique. 
L’ensemble de ces travaux apporte des connaissances transférables pour développer un vaccin contre la bronchiolite du nourrisson
causé par un virus cousin proche (le virus respiratoire syncytial humain), alors qu’aucun vaccin n’est encore disponible pour l’homme.

Voir aussi

Références